TITLE: Comme je peux respirer ton vertige
Je suis partie de cette phrase « Ferme la porte en partant », comme je suis partie de l'appartement.
Ferme la porte en partant, ou pourquoi j'ai tué l'homme que j'aime? Une ritournelle qui m'accompagne et me perce les tympans. Les photos sont comme des images suspendues à une portée.
Ferme la porte en partant. Un moment qui me laisse muette. Cette collection d'images est une quête pour traduire cette absence de parole, et exprimer ce ressenti, à travers les visages des autres.
J'ai composé très vite, d'une manière physique, organique.
Il y a ici quantité d'êtres solitaires, dont les expressions originales s'expriment dans un langage universel. Chaque caractère conte à son tour sa propre histoire.
Elles sont le maillon qui relie nos origines les plus lointaines, tentent de donner forme à nos fantasmes primitifs.
Chaque photo est une porte, d'entrée vers un récit.
Sans âge, Violent, Impudique, le Conte s'est invité pour perturber le temps, lui faire perdre son sens. Ouvrir les perceptions. Douter, remettre en question les apparences. Que chacun entre dans l'image, la ressente, se l'approprie, la fantasme, la transforme.
Se réinvente.
Dans cette série d'images, le masque me poursuit, inconsciemment. Ce masque qui cache et révèle à la fois. Qui, comme le conte, travestit l'apparence réelle de celui qui le porte pour mieux dévoiler la profondeur de chacun.
L'instant vécu lors de la prise de vue refait surface dans la chambre noire. Un sentiment évoque des gestes, mes mains entrent en harmonie avec la lumière. Et peu à peu je retrouve la parole, je ré- apprivoise ces mots d'avant,
comme je peux devenir moi
comme je peux respirer ton vertige
come posso diventare me stessa
come posso respirare la tua vertigine
AUTHOR: Fanny Penin (France)
Fanny Penin a grandi à Paris au milieu des appareils et des pellicules de son père, et va se consacrer à une recherche photographique dès son adolescence. En 1997, elle présente "Alexandrie". "Je ne veux rien prendre, rien interpréter. Juste me sentir ici et partout. Je ne photographie pas ce que je vois. Je photographie ce que je ressens..."
C'est par un processus de création d'histoires à partir de photographies réalisées spontanément, sans thématique, qu'elle s'abandonne à une recherche picturale dans la chambre noire, va perturber le temps, lui faire perdre son sens. "J'entre en résonance. J'écris avec la lumière sur des surfaces sensibles. Mes photographies sont des invitations temporelles".
Au milieu des années 90, elle s'installe à Montreuil-sous-bois, et va y travailler ses images en même temps qu'elle expose. Débute une collaboration avec le sculpteur Bernard Lancelle. Ensemble ils vont explorer les possibilités du photogramme. Chaque œuvre, unique, est peinte de lumière dans laquelle la sculpture mobile inscrit son empreinte.
Ils acquièrent en 2001 un atelier-galerie à Paris dans le 5è arrondissement. Ils y présenteront leurs travaux et ceux d'artistes, pendant quatre années consécutives.
Fanny arrive à Douarnenez en 2009, elle va rouvrir ses cartons, remonter un laboratoire.
En 2013, elle expose "Les chemins que peuvent emprunter la vie et les gens qui s'y croisent". Une série de photographies inédites qui ponctuent le parcours de l'artiste. Une œuvre poétique qui nous parle de chemins de vie...
Après "11 réflexions sur fond noir, une sieste et je m'évade", en 2016, elle présente en 2018 "Comme je peux respirer ton vertige", un récit composite en 32 images, au carrefour du réalisme, de l'érotisme et de l'onirisme, auquel fait écho un texte de l'écrivain Brigitte Mouchel.
Co-fondatrice du collectif photographique argentique LaRumeur, en 2014, elle provoque, avec le photographe Maurizio Leonardi, une création commune ,pour faire naître une collaboration participative en s'immergeant dans le quotidien d'un lieu de vie alternatif, en Bretagne. De cette résidence artistique va naître, en 2019, une installation de photographies argentiques réalisées sur papier et sur objets de récupération, intitulée "Arrière plan, les roches blanches. Agencements."
Parallèlement à son œuvre photographique, elle réalise des tirages argentiques d'exposition pour d'autres photographes.
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